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Dernière mise à jour : 02/02/2011
Le Nunchaku
 
Le Nunchaku est une arme très simple: elle est constituée de deux branches reliées par une corde ou par une chaîne.
En Japonais :   "Nunchaku" qui signifie même unité de longueur.
En chinois :   "Shuang Jie Gun" qui signifie paire de morceaux de bois.
A ne pas confondre avec   "San Jie Gun" qui signifie 3 morceaux de bois, et qui correspond à un nunchaku à 3 branches (aussi nommé "tri-bâton").
Avant qu'il soit utilisé en tant qu'arme, le Nunchaku était un instrument agricole. Comme beaucoup d'armes et d'objets anciens, il est très difficile de déterminer son origine exacte. D'après les historiens, il a quatre origines possibles.
La première possibilité est qu'il était un fléau servant à battre le blé, c'est à dire à séparer les épis et isoler la graine de la céréale.
En Europe, les fléaux étaient beaucoup plus grands et massifs, ils sont d'ailleurs devenus les fléaux d'arme des chevaliers.
 
Les reliefs beaucoup plus escarpés des pays asiatiques, et le fait que le travail consistant à battre le grain était généralement confié aux femmes, ont sans doutes contribué au développement du Nunchaku, fléau beaucoup plus petit et léger.
Les cultures de blé étant très répandues en Chine, la majorité des historiens pensent que ce sont les Chinois qui ont inventé le Nunchaku. Il s'est ensuite répandu dans tous les pays asiatiques, mais tout particulièrement en Corée, au Vietnam et au Japon.
La deuxième possibilité concernant l'origine du Nunchaku est qu'il soit dérivé d'un fléau beaucoup plus grand, utilisé aussi bien dans les pays asiatiques qu'en Europe.
Ce fléau est constitué d'un bâton aussi grand qu'un homme auquel est attaché, par une chaîne ou une corde, un bâton plus petit. Il est nommé Shao Zi Gun en Chinois, et il est utilisé en tant qu'arme dans certains arts martiaux. Il était principalement utilisé à cheval: de par sa longueur il permettait de faucher des adversaires au sol. Les pratiquants de ce grand fléau sont néanmoins extrêmement rares dans le passé, et quasi introuvables de nos jours.
La troisième origine possible du Nunchaku est qu'il était un mors de cheval. Il avait alors une forme légèrement différente du Nunchaku que l'on connaît aujourd'hui, les branches étaient courbées, mais il pouvait être utilisé de la même façon. La forme du mors de cheval aurait ainsi évolué vers celle des Nunchakus actuels.
Sur cette image on peut voir différents mors de cheval autrefois utilisés dans les pays asiatiques. Des cordes y étaient attachées de façon à pouvoir installer le mors sur le cheval. Le mors servait à diriger ce dernier. Parmi les mors utilisés, certains avaient des caractéristiques très similaires au Nunchaku que l'on connaît aujourd'hui.
La dernière origine possible vient d'une ancienne légende chinoise: il s'agirait d'un grand maître d'arts martiaux qui, avant de mourir, céda à son élève son arme favorite: son bâton. Beaucoup plus tard, lors d'un entraînement, l'élève brisa le bâton en trois parties. Etant symbolique pour lui, il ne voulut pas en prendre un autre, il décida alors de le réparer. Il fit tenir les trois morceaux entre eux grâce à des cordes, et c'est là que serait né le premier tri-bâton, qui fut ensuite dérivé en Nunchaku.
Bien que souvent contée en Chine, cette légende n'est que très rarement approuvée par les historiens. Pour ces derniers, le Nunchaku était un outil agricole.
Comme beaucoup d'armes étant anciennement des outils agricoles, nous ne savons pas exactement où et quand le Nunchaku a été pour la première fois utilisé comme arme, mais il y a de bonnes raisons de penser que les habitants d'Okinawa en ont eut l'idée les premiers.
Okinawa est une île au sud du Japon qui est restée longtemps prospère.
En 1429, l'empereur Sho Hashi a envahi et uni les trois parties d'Okinawa pour créer le royaume de Ryukyu. Pour écarter les possibilités de révolte, il a interdit aux habitants de l'île de posséder des armes. Personne, mis à part l'armée, la caste des Samouraïs et les nobles n'avait le droit d'en avoir, sous peine d'être arrêté.
Bien entendu, les habitants avaient beaucoup de mal à assurer leur sécurité face aux épées des soldats et des bandits. Pour se défendre, les habitants d'Okinawa ont très sérieusement pratiqué les arts martiaux. Au début du 17ième siècle, l'île fut occupée par l'empire Japonais. L'armée d'Okinawa a été vaincue et la population désarmée n'était pas capable de résister face aux Samouraïs japonais.
Okinawa est ensuite devenue une terre japonaise. La population devait payer de très lourdes taxes et était sévèrement discriminée. Les habitants n'ont pas entrepris de révoltes de grande ampleur, mais ils ont quand même tué des officiers japonais et des collecteurs de taxes de temps en temps, en attaquant des petits groupes de Samouraïs. Suite à ces petites révoltes, une nouvelle loi a été mise en place, s'inspirant de ce qu'avait fait Sho Hashi: toute personne possédant une arme sans y être autorisée devait être tuée. Le Japon a créé les Katana-giri, les chasseurs d'épée, qui devaient tuer ceux qui possédaient des armes, confisquer toutes les armes qu'ils pouvaient trouver et enfin faire fermer les forges.
 
En ces temps difficiles, seulement un couteau était autorisé pour tout un village. L'unique couteau était conservé sur la place du village, attaché à un pilier. Les villageois n'étaient autorisés à utiliser ce couteau que quelques heures uniquement et seulement après l'approbation du chef du village. Durant cette période, les arts martiaux d'Okinawa étaient considérés comme le seul et unique moyen de défense, mais bien entendu, les techniques de combat à main nue ne pouvaient pas les aider à affronter l'armée régulière. Cela les aidait surtout contre des petits groupes de bandits. Les habitants d'Okinawa pratiquaient principalement les arts martiaux dénommés To-té et Okinawa-té, qui sont devenus plus tard l'actuel Karaté. Les villageois s'entraînaient à utiliser des objets de tous les jours en tant qu'arme. Aujourd'hui on connaît cette pratique sous le nom de Kobudo et Kobujutsu.
Dans les mains d'un pratiquant de Kobudo, les objets de tous les jours pouvaient devenir des armes redoutables lorsque cela s'avérait nécessaire. Ces armes n'étaient pas aussi mortelles qu'une épée ou une lance mais elles étaient tout de même capables de donner de grandes chances de blesser sérieusement son adversaire, même si il était bien armé.
Nous pensons que c'est à ce moment là que le Nunchaku a pour la première fois été utilisé comme arme. Les autres armes qui sont apparues à ce moment là sont le bâton, arme facilement trouvable, le Kama, qui était utilisé comme faucilles dans les champs, et les Tonfa, qui étaient les poignées des meules.
Bien que le Nunchaku soit redoutable contre des armes courtes, il est cependant assez risqué d'affronter des armes longues comme les épées ou les lances des soldats. Etant facilement transportable sous des vêtements ou à la ceinture, il était surtout utilisé pour se défendre face à des situations inattendues. Seuls les pratiquants très expérimentés (qui étaient tout de même nombreux à Okinawa) les utilisaient à la guerre. De nos jours, maintenant que les épées et les lances sont parties au musée, le Nunchaku a connu une sorte de renaissance et est devenu très populaire.
Le maniement du Nunchaku s'est très vite propagé et a été intégré à différents arts martiaux: le Kobudo et le Karaté au Japon, le Tae Kwon Do en Corée et le Kung Fu en Chine.
Depuis son intégration dans les arts martiaux jusqu'au milieu du 20ième siècle, le Nunchaku s'est surtout développé dans les pays asiatiques. Cette arme était très rare, voire inconnue, pour la plupart des autres pays du monde.
Ce sont les très célèbres films de Bruce Lee qui ont commencé à faire découvrir le Nunchaku au monde entier.
Durant le 20ième siècle, le monde a vu dans les arts martiaux une autre dimension que le combat ou la maîtrise de soi: le spectacle. Effectivement, les mouvements réalisés par les pratiquants d'arts martiaux sont extrêmement beaux à voir. Beaucoup de gens se sont mis à pratiquer pour le spectacle plutôt que pour l'esprit martial. Concernant le Nunchaku, cette dimension de spectacle, à laquelle il s'est avéré très approprié, à fait naître un tout nouveau style de maniement: le freestyle.
Le Nunchaku est également devenu un instrument très apprécié des jongleurs.